La Place de l’Indépendance dévoile enfin son identité
Peu de camerounais auraient ete capables de situer le lieu ou fut proclamee l’independance du pays. La renovation de la place de l’independance allume les projecteurs de la capitale sur ce site historique.
Le site a été pris d’assaut par les visiteurs avant même l’achèvement des travaux de rénovation. Lové entre le siège social de la CNPS et celui de la CCEI Bank, bordé au Nord par l’esplanade de l’Hôtel de ville de Yaoundé et le Ministère de la Communication au Sud, cet espace de 25 mètres sur 50 a fière allure. Au centre, un obélisque haut de 25 mètres trône sur un piédestal en trois paliers, frappé aux armoiries du Cameroun. Les entrées Nord et Sud de la place sont gardées par de majestueux lions en béton.
Aux quatre coins du site, des pergolas offrent à la fois abris et bancs aux visiteurs. Les poutres et les piliers et les sièges de ces abris créent une parfaite illusion de troncs d’arbres, qui cache bien leur structure en béton. Quand les plantes grimpantes auront recouvert ces pergolas, ces abris exalter plus encore les imaginations et renverront mieux à l’idée des abris de la forêt. Quatre fontaines avec de jeunes filles qui puisant de l’eau, qui en versant plutôt. Qui portant des paniers de produits agricoles, qui laissant s’envoler une colombe, complètent ce tableau serti de verdure. La capitale du Cameroun, c’est Yaoundé. Le Mfoundi. L’eau.
Au piédestal de l’obélisque une plaque affiche : « Ici fut proclamée l’indépendance du Cameroun par le Premier ministre Amadou Ahidjo le 1er Janvier 1960 ». Une nette découverte pour de nombreux visiteurs fascinés par le nouveau visage du site. La Place de l’indépendance. Le poids historique et symbolique de ce site reste encore mal connu par bien des Yaoundéens. La place est captivante, chacun veut immortaliser son passage à cet endroit. Et, crépitent les flashes d’appareils photos. D’ailleurs, certains photographes se sont installés là, et la clientèle est suffisante pour faire bouillir la marmite.
En réhabilitant la Place de l’indépendance, la communauté urbaine de Yaoundé a voulu rendre hommage à l’Histoire et souscrire à un devoir de mémoire. Les camerounais savent désormais où se rendre pour mieux imprimer dans leurs esprits la cérémonie d’indépendance du Cameroun orientale le 1er Janvier 1960. Car, c’est bien d’elle qu’il s’agit.
Selon les explications de Fernand Didier MANGA, architecte à la direction des services techniques de la Communauté urbaine de Yaoundé, les fontaines et leurs demoiselles exaltent certes la Femme, mais aussi et surtout la devise du Cameroun : Paix-Travail-Patrie. L’obélisque, avec les armoiries du Cameroun au socle et 1960 au troisième compartiment du piédestal, symbolise l’indépendance et le drapeau du pays. Les contempteurs pourraient y voir une copie d’un monument visible Place la Concorde à Paris, Place Saint Pierre au Vatican, ou même à Washington aux USA. « L’obélisque est une réappropriation de l’Histoire de l’Afrique. Tous ceux qui s’aperçoivent en Europe sont partis de l’Egypte antique ». Soutient Fernand Didier Manga.
Quoiqu’il en soit, la rénovation de la Place de l’indépendance sort de l’anonymat un site pour lequel tout camerounais entretient un lien affectif, mais dont un petit nombre connaissait la localisation. Un site qui a réuni du grand monde à la tribune ce 1er Janvier 1960, au moment où le Premier ministre Ahmadou Ahidjo prononçait cette phrase historique : « Camerounaises, camerounais, le Cameroun est libre et indépendant ». Il y avait là Dag Hammarskjöld, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies. Le Cameroun était la pupille de l’ONU. Le président libérien William Tubman est présent tout comme le numéro 1 malien Modibo Keita. Il y avait là Louis Jacquinot et Jean Bénard, respectivement ministre d’Etat français et le premier ambassadeur de France au Cameroun. La Grande Bretagne, les USA, Israël, l’URSS, sont représentés. Tous les 30 Etats africains indépendants sont également représentés, sauf la Guinée Conakry.
La Place réunit ce jour de fête de l’indépendance du Cameroun francophone tout le gratin politique des deux Cameroun. La délégation anglophone est conduite par le Premier ministre John Ngu Foncha qui prononça du reste aussi un discours. Cette délégation se compose de Salomon T. Muna, de Chief Endeley, Prince John Mukete, Nzo Ekangaki, pour ne citer que les plus illustres.
La cérémonie aura également aussi été marquée par un défilé. Dans certaines salles de séjour des domiciles à Yaoundé, sont affichées les photos de ce défilé et des autres festivités qui l’ont entouré. Vous verrez, par exemple, cette jeune danseuse de tams-tams de 14 ans fière d’avoir été sélectionnée pour cet événement grandiose.
Sans être trop diserte, la Place de l’indépendance rénovée veut restituer ces souvenirs émouvants au peuple camerounais. L’Hôtel de ville qui représente le salon où se donnent rendez-vous toutes les states de la société a vocation d’être attrayant, captivant. Le Délégué du gouvernement Gilbert Tsimi Evouna œuvre au quotidien à embellir le campus de l’Hôtel de vile de Yaoundé. La Place de l’indépendance qui fait partie intégrante de ce campus se devait d’être à l’avenant.
Par Jean AMOUGOU
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