Elle implémente depuis quelques mois le projet de mise en place d’outils de lutte contre la dégradation de l’air dans la cité-capitale.
La pollution de l’air touche Yaoundé, comme toutes les villes du monde. L’on estime à 7 millions le nombre de décès prématurés par an causés par la dégradation mondiale de l’air. Au Cameroun, sur 100 000 décès enregistrés, 208 sont imputés à la pollution de l’air ambiant, révèle une étude menée en 2019 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’OMS déplore également l’exposition de la majorité de la population camerounaise à des concentrations sept fois supérieures aux concentrations qu’elle recommande. C’est dans le souci de développer les réponses efficaces et humaines à cette situation que le maire de la ville e Yaoundé, MESSI ATANGANA Luc. accompagné d’un groupement constitué d’experts français et camerounais, a sollicité et obtenu un don d’un montant de 337 millions FCFA auprès du Trésor français pour financer le projet du Fond d’aide au secteur privé (FASEP-pollution) dans la capitale. Depuis le lancement du projet en novembre 2020, 40 micro-capteurs ont été déployés à travers la ville de Yaoundé. Ils servent à mesurer, en temps réel, la concentration en particules fines de l’air. Dans le même temps, les habitants de Yaoundé peuvent utiliser l’application mobile Caeli pour consulter les mesures de la qualité de l’air. Cet autre outil est à mettre à l’actif du Fasep-pollution.
Engagé dans la lutte contre la pollution dans la ville et militant effréné du bien-être de ses populations, le Maire de la ville promeut une nouvelle approche d’aménagement urbain appelée urbanisme tactique. Le but de la mise en place de cette nouvelle stratégie urbaine est de s’interroger sur les pratiques habituelles et de pousser davantage les usagers à intégrer la méthode de la fabrique de la ville. L’objectif poursuivi est la préservation de la pollution générée par le trafic. «Lorsque les voitures sont bloquées dans les embouteillages, elles dégagent beaucoup plus de polluants qui sont inhalés par les piétons. Donc cette activité préfigure la piétonisation complète du centre-ville », soutient Arnauld Philippe NDZANA, conseiller technique n°1 à la Communauté Urbaine de Yaoundé.
La piétonisation de l’une des voies de l’avenue Kennedy depuis le 15 novembre 2021 marque le début de cette action appelée à s’étendre à d’autres voies qui ceinturent le marché central depuis janvier 2022. Cette initiative est sortie de l’ornière lors de « La semaine de la qualité de l’air », dont la première édition s’est tenue du 15 au 28 novembre 2021. Celle-ci vise à réduire les déplacements en voiture à l’origine de la pollution atmosphérique et d’encourager la marche. La Mairie de Yaoundé est la première collectivité territoriale décentralisée à initier l’urbanisme tactique. Une action prévue dans le Plan de Mobilité Urbaine Soutenable de la ville.
La Communauté Urbaine de Yaoundé n’a pas qu’un seul projet FASEP, il en existe trois. Celui qui porte sur la pollution est un projet de mise en place des outils de lutte contre la dégradation de l’air dans la ville de Yaoundé. Il consiste à implanter des capteurs à des endroits stratégiques où le trafic est intense. Ces outils sont à la fois mobiles et fixes. Les capteurs fixes sont implantés dans les domiciles des particuliers, les ministères, les préfectures, les hôpitaux, les lycées, etc. Les lampadaires sont également utilisés pour porter les capteurs. Ce dispositif est un tout petit objet de la taille d’une pomme de main qu’on fixe à un endroit. Il capte le point de référence et envoie les données recueillies par satellite en France pour l’analyse des informations. C’est en France que se trouve la base de données. Quant aux capteurs mobiles, ils sont installés sur les véhicules (taxi, minibus et les véhicules de la Mairie de la ville ou des structures comme Hysacam) qui sont en constant déplacement.
Au cours de la semaine de la qualité de l’air, deux actions étaient prévues. Il était donc question de mettre en place une action à impact rapide, visible et à court terme. Promouvoir la marche qui est un grand frein à la pollution atmosphérique et sensibiliser les populations. Un diagnostic de santé sur des personnes qui viendront suivre et participer aux activités de la semaine de l’air avait également été prévu.
Les capteurs appartiennent désormais à la mairie qui doit en assurer la maintenance, le redéploiement et le remplacement. Pour que cette initiative arrive à terme, une cellule de gestion de la qualité de l’air au niveau de la mairie a été mise sur pied. Sa mise en place devrait intervenir après la signature de la décision du Maire de la ville. Le projet, d’une durée d’un an, devrait permettre à la ville de mesurer l’impact des actions entreprises sur la qualité de l’air et de comparer les données avec celles d’avant le projet. Pour la suite, la cellule de gestion doit porter l’initiative. Elle aussi pourra chaque année proposer une action à implémenter comme la semaine de la qualité de l’air. Ce comité de gestion de la qualité de l’air à Yaoundé va continuer l’action lancée. L’objectif ici est de rendre la ville moins polluée. La nouvelle cellule aura pour missions d’assurer la durabilité du projet, de faire des propositions ainsi qu’une large diffusion des résultats enregistrés chaque mois.
La semaine de la qualité a été pensée juste pour promouvoir la mobilité douce afin de mesurer la différence qu’il y a lorsque les voies sont ouvertes et lorsque la circulation est limitée.