A Yaoundé, capitale politique du Cameroun, les chantiers de réhabilitation/reconstruction des routes sont en plein essor. Le maire de la ville, Luc MESSI ATANGANA, entend ainsi moderniser la voirie en vue de fluidifier la circulation dans cette ville à la croissance démographique rapide.
Cependant, ces chantiers, cruciaux pour le développement de la ville, sont en proie à un phénomène préoccupant : l’incivisme des usagers et des riverains. Ce phénomène met en péril la sécurité des travailleurs, ralentit les projets et engendre des coûts supplémentaires pour les entreprises de construction.
Sur plusieurs grands axes routiers de la ville, comme à la descente du collège Didérot à Yaoundé 3 ou encore sur l’axe Emombo II- terminus Mimboman, des équipes de travailleurs œuvrent sous un soleil de plomb pour respecter les délais fixés. Toutefois, leur tâche est rendue plus difficile par le comportement de certains automobilistes et piétons.
Sur le chantier de Didérot par exemple, malgré les panneaux de signalisation installés pour avertir les usagers de la route des zones de travaux, beaucoup d’automobilistes continuent de franchir les périmètres de sécurité, exposant ainsi les ouvriers à des risques d’accidents graves.
Les piétons aussi contribuent à la situation. Nonobstant les barrières de sécurité installées et les voies de contournement, plusieurs personnes franchissent les limites de sécurité pour éviter de faire un détour. Ces derniers traversent parfois entre les machines et le matériel de construction, sans se soucier du danger. Cette imprudence provoque souvent des interruptions des travaux.
Le vandalisme et les vols de matériel
L’une des formes les plus alarmantes d’incivisme à Yaoundé est le vandalisme des équipements de chantier. Les entreprises de construction font régulièrement face à des vols de matériaux et à des actes de sabotage. Plusieurs chantiers ont été victimes de dégradations. À la nuit tombée, des individus s’introduisent sur les sites pour voler du matériel ou endommager les infrastructures en cours de construction. Ces dernières sont également la cible de dégradations avant même leur mise en service.
Il n’est pas rare de voir des câbles électriques arrachés, des engins sabotés ou même des panneaux de signalisation volés, des barricades en béton déplacées. Cela entraîne des retards considérables dans les projets, et les coûts augmentent à cause des réparations et des réapprovisionnements.
Selon certaines estimations, le coût des vols et du vandalisme pourrait représenter jusqu’à 10 % du budget de certains chantiers. Ce phénomène, en plus de provoquer des dégradations, ralentit l’avancement des travaux et pousse les entreprises à renforcer la sécurité sur les sites, ce qui n’était pas initialement prévu dans leur plan de gestion.
Des initiatives pour sensibiliser le public
Face à cette situation, plusieurs initiatives ont été lancées pour sensibiliser la population. Par exemple, des campagnes médiatiques mettent en garde contre les dangers liés à l’incivisme sur les chantiers. Des panneaux explicatifs sont aussi placés aux abords des zones de travaux, rappelant les consignes de sécurité et les sanctions encourues en cas de non-respect.
Les agents de la Direction du bon ordre urbain de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) renforcent leur présence sur les principaux chantiers exécutés par la CUY. Des patrouilles sont déployées pour verbaliser les automobilistes qui ne respectent pas les limites de vitesse ou qui ignorent les signalisations. Selon les autorités, ces mesures restent insuffisantes pour éradiquer le phénomène.
Un appel à la responsabilité citoyenne
Pour beaucoup, la solution à ce problème réside dans une prise de conscience collective. Il est important que chaque citoyen de Yaoundé comprenne que l’incivisme n’affecte pas seulement les ouvriers, mais aussi l’ensemble de la communauté. « Ces chantiers sont là pour améliorer la qualité de vie de tout le monde. Il est donc dans notre intérêt à tous de respecter les consignes et de laisser les travailleurs faire leur travail en toute sécurité », conclut Michel Fongang, un citoyen rencontré près du chantier de Didérot.
L’incivisme sur les chantiers de construction routière à Yaoundé représente un défi de taille pour les autorités et les entreprises de construction. Les comportements irresponsables des automobilistes et des piétons, ainsi que les actes de vandalisme, compromettent non seulement la sécurité des travailleurs, mais aussi le bon déroulement des projets indispensables pour le développement de la capitale. Un effort collectif est donc nécessaire pour instaurer une culture de respect autour des zones de travaux et permettre à la ville de se développer dans de meilleures conditions.
Le développement de Yaoundé dépendra en grande partie de la capacité de ses habitants à adopter des comportements plus responsables. Le respect des règles autour des chantiers permettra d’accélérer la modernisation des infrastructures routières, tout en protégeant la vie des travailleurs et en limitant les retards dans la livraison des chantiers.
A. Stéphanie HELES